Le foin
Mise à jour : 30/06/2017
Le foin est l’élément clef de l’alimentation du lapin. Le seul cas où un lapin pourrait éventuellement s’en passer serait dans le cadre d’une vie en extérieur avec accès continuel à de la verdure sauvage. Ce style de vie étant extrêmement difficile à mettre en place tout au long de l’année, on considère donc que tous les lapins de compagnie doivent bénéficier de foin… et le manger !
Le lapin est un herbivore strict ce qui signifie qu’il doit manger en priorité des herbes. Dans la nature ou dans le jardin, il se nourrit de graminées (ce que nous appelons couramment « herbes »), de légumineuses (trèfles, luzerne par exemple) et de quelques autres « mauvaises herbes » : pissenlits, plantain, mouron des oiseaux pour les plus connues. Ces aliments sont parfaitement adaptés à la fois au bon fonctionnement de son système digestif et à l’usure de ses dents.
En effet, le système digestif du lapin est plus proche de celui du cheval que du nôtre. Il ne peut fonctionner correctement que s’il reçoit des quantités importantes de fibres indigestibles. Ces fibres sont celles que l’on retrouve dans les crottes des lapins. C’est ce qui leur confère cet aspect riche en « débris végétaux ». Les végétaux rustiques comme le foin et les herbes sauvages contiennent de nombreuses fibres indigestibles. Ces fibres sont grossières et rapidement évacuées par le système digestif du lapin, ce qui garantit son dynamisme. Au contraire, les aliments pauvres en fibres indigestibles sont lentement évacués et favorisent les ralentissements du transit. Sans foin, le lapin court donc un risque important de perturbation du système digestif.
Le foin a également un rôle capital dans la bonne usure des dents. Le lapin possédant une dentition à pousse continue, il a besoin d’aliments spécifiques pour en assurer l’usure. Ces aliments sont une fois de plus le foin et les herbes sauvages. Ces végétaux permettent au lapin d’effectuer des mouvements de mastication longs et horizontaux alors que les aliments de type granulés vont réclamer des mouvements de mastication courts et verticaux. Les végétaux agissent comme une lime sur les molaires alors que les granulés agissent comme une presse. Le lapin est obligé, pour les broyer, d’appuyer dessus ce qui l’oblige à effectuer des mouvements qui ne sont pas naturels. Ceci provoque à long terme une mauvaise usure pouvant aller de l’apparition de spicules (petites pointes sur les dents) à la formation d’abcès.
Les légumes remplacent les herbes sauvages mais le foin reste indispensable pour pallier à l’impossibilité de brouter de l’herbe. Sans lui, votre lapin s’expose à de gros problèmes de santé. S’il refuse d’en manger, il est donc indispensable d’y remédier. Les obstacles à la consommation de foin Le refus de consommer du foin peut avoir plusieurs causes. La plus fréquente est une mauvaise habitude alimentaire. Trop de lapins sont en effet nourris de mélanges de graines trop riches qui les détournent des aliments sains. Tout comme un humain habitué à manger gras et sucré aura du mal à s’adapter à un régime pauvre en graisses et en sucre, le lapin rejette le foin qu’il ne juge pas assez goûteux et trop difficile à manger ! A ses yeux, le jeu n’en vaut tout simplement pas la chandelle. Il convient donc de lui faciliter au maximum la tâche et de le convertir progressivement à une alimentation saine.
Commencez par remplacer son mélange de graines par des granulés de qualité et introduisez petit à petit de la verdure de type feuillage (feuille de chêne, endive, batavia, romaine, mâche, frisée, etc.). Une suralimentation en autres aliments peut également détourner le lapin du foin. Il n’est pas rare qu’une gamelle entière de granulés soit mise à disposition. Le lapin s’en gave donc et n’a plus assez faim pour faire l’effort de manger du foin. Les friandises doivent également être strictement limitées.
L’autre cause la plus fréquente de refus du foin est la mauvaise qualité de celui-ci. Trop de foins sont vieux, poussiéreux et jaunes. Même le lapin le plus motivé se lasse vite d’un foin de piètre qualité. Viennent ensuite des obstacles techniques : un râtelier mal placé ou peu pratique rend la recherche d’un brin de foin bien trop laborieuse ou acrobatique. Le lapin se décourage et s’en détourne.
Enfin, des problèmes dentaires peuvent rendre douloureuse, voire impossible, la mastication du foin. Le lapin souhaiterait en manger mais il en est incapable. Il est donc important devant un refus permanent de manger du foin de s’assurer que le lapin n’a pas de molaires mobiles ou d’abcès qui le font souffrir. Un examen dentaire complet sous anesthésie gazeuse s’avère être le meilleur outil de diagnostic. Proposer un foin de qualité La qualité du foin est la base du succès. Tout d’abord, inspectez-le. Un vieux foin sera jaune et poussiéreux alors qu’un foin de l’année sera bien vert et non poussiéreux. Un foin poussiéreux est désagréable à manger car la poussière pénètre dans les narines et peut provoquer des irritations allant jusqu’à la réaction allergique. Méfiezvous des emballages de plastique vert qui trompent sur la couleur réelle du foin. Si vous en avez la possibilité, sentez-le. S’il sent l’humidité ou la moisissure, reposezle ! Le foin doit être bien sec pour être consommable et conservable.
En dehors de l’aspect du foin, d’autres critères doivent être pris en compte. Renseignez-vous sur la provenance du foin et son mode de culture. Il existe de nombreux foins différents : foin biologique, foin de prairie, regain, foin de Crau ou encore foin de montagne. Certains sont composés d’une seule graminée comme le foin de phléole des prés (timothy hay), le foin de dactyle (orchard grass) ou le foin de luzerne (alfafa). Tous ces foins répondent à des besoins différents. Avant de faire votre choix vous devez donc analyser les besoins de votre lapin.
Les foins proposés sur le marché ont tous des spécificités qui conviennent à certaines catégories de lapins. Seuls les foins de phléole des prés et de dactyle peuvent être considérés comme adaptés à tous les âges et tous les états de santé. Pour les autres, il convient de prendre certaines précautions avant d’en faire la base de l’alimentation de votre lapin.
Le foin de luzerne ne convient qu’aux lapereaux et aux lapins juvéniles en raison de sa forte teneur en calcium. Il est parfait en complément pendant toute la durée de la phase de croissance (principalement entre 0 et 8 mois) mais il doit absolument être supprimé du régime alimentaire du lapin adulte, il est également plus riches en protéines et calcium.
Le foin de prairie, le foin de Crau ou le regain sont des foins relativement riches en protéines et en calcium qui conviennent aux lapins adultes en bonne santé mais doivent être supprimés ou rationnés chez les lapins souffrant de problèmes urinaires. Il est possible de distribuer ces foins en complément d’un foin de phléole ou de dactyle. Ceux-ci étant deux fois moins riches en calcium que le foin de prairie. En effet, celui-ci contient un mélange de légumineuses et de feuillages qui augmente considérablement sa teneur en calcium. De plus, certains lapins peuvent être tentés de privilégier ces derniers au détriment des tiges de graminées.
Certains lapins sont dans l’incapacité de mastiquer correctement leur foin du fait de problèmes dentaires chroniques : abcès à répétition, malocclusion des molaires dont la repousse est rapide ou perte d’un grand nombre de dents. Pour ces lapins, il existe également des solutions. Il est possible de couper les brins en plus petits morceaux, rendant ainsi moins laborieux le travail de mastication. Il est généralement possible d’opter pour un foin plus tendre ou d’offrir en complément du cunipic dental® pour l’habituer petit à petit à mastiquer des brins de foin. Cependant, il faut toujours garder en tête que le but reste de le pousser à se nourrir normalement le plus longtemps possible. Lui fournir trop de solutions de facilité peut lui faire perdre tout goût de l’effort or ces lapins ont besoin de mastiquer pour conserver en bon état ce qu’il reste de leur dentition.
Ne cédez pas non plus à la tentation de remplacer le foin par du plantain ou du pissenlit séchés. Ils sont bien trop riches. A l’inverse, ne donnez pas non plus de paille car elle n’a aucune qualité nutritive, or le foin est un aliment !
Une fois que vous avez entre les mains LE foin parfait, vous vous attendez certainement à ce que votre lapin se rue dessus. C’est effectivement ce qui se passe dans la majorité des cas… mais pas toujours ! Les lapins sont capricieux et peuvent refuser ce foin si parfait pour des raisons n’ayant rien à voir avec sa qualité. Une fois que vous avez éliminé les raisons les plus fréquentes, une trop grande quantité de légumes et de granulés qui coupent l’appétit ou encore un problème dentaire, demandez-vous si le foin est disposé de manière pratique et attirante. Un lapin qui ne veut pas manger son foin ne doit pas avoir d’efforts à fournir pour y accéder. Autant se mettre debout pour attraper une petite feuille coincée dans une boule à foin peut être amusant pour un amateur de foin, autant pour un lapin réfractaire ce type de contenant est rédhibitoire. Il préférera alors se tourner vers ses granulés ou ses légumes, plus accessibles.
Pour la plupart des lapins, la meilleure solution consiste à mêler l’utile à l’agréable, en disposant le foin au dessus ou devant le bac à litière. De cette manière, ils font leurs besoins tout en plongeant la tête dans le foin, ce qui se rapproche de leur comportement naturel. Enfin, si votre lapin ne veut rien entendre, une cure de foin peut être envisagée mais seulement avec l’accord de votre vétérinaire car votre lapin doit absolument être en bonne santé.
Lorsqu’elle est arrivée chez nous, Linette ne mangeait pas du tout de foin. Nous pensions qu’il s’agissait d’une mauvaise habitude alimentaire et nous lui en avons proposé de plusieurs types. Le succès était toujours de courte durée. Elle grignotait une poignée de bon appétit puis n’y touchait plus. Nous avons donc consulté notre vétérinaire pour réaliser un examen dentaire sous anesthésie. Le bilan dentaire a été très mauvais : quelques dents manquantes, des spicules et une dysplasie de l’émail. La totalité de la dentition a été remise à niveau.
Pendant quelques mois, Linette a mangé un peu de foin du bout des dents, puis elle l’a de nouveau refusé. Un nouvel examen sous anesthésie a montré qu’un abcès s’était formé à la base d’une molaire brisée et que deux prémolaires étaient mobiles et légèrement infectées. Une extraction a été réalisée et un long traitement antibiotique a été mis en place. Linette ne pouvait plus manger son foin en raison de ces multiples infections et dents manquantes. Malgré ses soucis, Linette conservait un solide appétit. Nous avons donc pallié à l’impossibilité de manger du foin en doublant sa dose de salade à chaque repas. Par périodes, elle avait tellement faim que nous lui proposions de la salade et des feuillages à volonté : batavia, feuilles de chênes, romaine, endive,… et en plus petite quantité : feuilles de blettes, de framboisier, de groseillier, de fraisier, de souci, de chou vert, etc.
Après plusieurs mois de traitement, Linette a recommencé progressivement à consommer du foin en petite quantité. Nous avons ajouté à sa ration du cunipic dental®, un complément phytothérapeutique ayant pour but de favoriser l’usure des dents et le maintien d’un bon transit digestif malgré la faible consommation de foin. Ceci lui a permis de retrouver un poids convenable, d’espacer les soins dentaires, de récupérer un transit parfait et lui a également redonné goût au foin !
Pendant un an, Linette s’est maintenue en bonne santé grâce à ce nouvel équilibre alimentaire verdure/foin/cunipic. Malheureusement, à la fin de l’année, elle a dû subir une nouvelle extraction dentaire et se faire cureter un abcès. Une nouvelle fois, il lui a été impossible de consommer du foin pendant toute la durée des soins post-opératoires. Puis, tout doucement, elle a retrouvé une alimentation normale.
Il faut souvent ruser pour la motiver, en plaçant le foin dans un nouveau contenant ou dans ses jouets. Linette ne consommera jamais autant de foin qu’un lapin en bonne santé mais malgré tout en la stimulant, en étant ingénieux et en adaptant son régime alimentaire à ses problèmes, elle bénéficie d’une alimentation équilibrée et parvient à se maintenir en très bon état général !