Castration du lapin en images
Mise à jour : 31/03/2011
Par le Dr Julien Goin
ATTENTION ! Cet article contient des photos de l’intervention chirurgicale qui sont susceptibles de heurter la sensibilité de certains lecteurs |
Avant toute stérilisation chirurgicale, il est important de vérifier le sexe du lapin. Bien que cette étape apparaisse comme évidente, elle évite néanmoins bien des erreurs… La photographie montre l’aspect normal du pénis et des testicules du lapin.
Un quart d’heure avant le début de l’anesthésie, le vétérinaire pratique trois injections (morphinique, anti-inflammatoire et antibiotique) en vue de diminuer les risques de douleur et d’infection per- et post-opératoires.
Le lapin est ensuite contenu dans une serviette et un masque est appliqué contre son museau dans le but de lui faire inhaler un anesthésique gazeux (ex : isoflurane). L’induction de l’anesthésie se fait en quelques minutes et le lapin s’endort progressivement jusqu’à ne plus réagir à aucun stimulus.
Un gel oculaire (type larmes artificielles) est appliqué sur les deux globes oculaires dans le but d’éviter les risques de dessiccation cornéenne pendant l’intervention. En effet, durant l’anesthésie, les deux yeux restent ouverts et la sécrétion lacrymale diminue, ce qui peut engendrer l’apparition d’ulcères cornéens.
La région inguinale est tondue, puis nettoyée et aseptisée à l’aide d’un savon antiseptique chirurgical.
Une fois le lapin anesthésié et préparé, il est transféré depuis la salle de préparation jusqu’en salle de chirurgie. Il est installé sur une table de chirurgie muni d’un tapis chauffant visant à diminuer les risques d’hypothermie (plan moyen). Il est relié par le masque à un appareil d’anesthésie gazeuse assurant la distribution en continu d’un mélange d’oxygène et d’anesthésique, dont les concentrations respectives sont modulables par un assistant au besoin (arrière-plan). Un scialytique permet l’éclairage du site opératoire (en haut). L’ensemble du matériel chirurgical stérile est disposé sur un plateau appelé « assistant muet » (avant-plan).
L’ensemble du matériel chirurgical est entièrement stérile et contenu dans des emballages à usage unique. De haut en bas et de gauche à droite :
- compresses, pour l’absorption des petites hémorragies secondaires aux incisions,
- pinces à champ, pour le maintien du champ opératoire stérile,
- pince hémostatique ou « clamp », pour l’hémostase des vaisseaux avant leur section,
- porte-aiguilles, pour la tenue de l’aiguille et la réalisation des sutures,
- pinces mousses, pour la manipulation des tissus,
- bistouri à lame fine, pour l’incision,
- fil de suture résorbable, pour la réalisation de sutures,
- gants chirurgicaux stériles.
Un champ opératoire stérile est placé autour de chaque testicule et maintenu par des pinces à champ.
Le scrotum (= peau recouvrant le testicule) est incisé à l’aide d’un bistouri.
La vaginale (= tissu conjonctif enveloppant le testicule) est alors visualisée.
La vaginale est maintenue par un clamp puis incisée au bistouri, ce qui permet l’extériorisation du testicule.
Le testicule et ses enveloppes sont alors visualisés dans leur intégralité. Le testicule est attaché à l’enveloppe vaginale par l’un de ses bords. Il est constitué d’un corps principal, relié à un épididyme puis à un canal déférent permettant l’acheminement du sperme. Il est irrigué par un pôle vasculaire.
Photo de gauche : aspect du testicule avant que celui-ci ne soit détaché de la vaginale.
Photo de droite : aspect du testicule après que celui-ci ait été détaché de la vaginale.
Le canal déférent et le pôle vasculaire du testicule sont ligaturés, puis sectionnés, ce qui permet le retrait du testicule.
La vaginale est suturée à l’aide de fil résorbable. Cette étape est importante car chez le lapin, l’anneau inguinal (= communication naturelle entre la cavité abdominale et la bourse testiculaire, servant de lieu de passage au canal déférent) est ouvert. Cela signifie qu’en cas d’absence de suture de la vaginale, une hernie des organes abdominaux peut se produire via l’anneau inguinal vers la bourse testiculaire, ce qui représente une des complications majeures rapportées lors de castration chez les Lagomorphes et les Rongeurs.
La vaginale est ensuite remise en place à l’intérieur de la bourse testiculaire.
Enfin, le scrotum est suturé à l’aide de points résorbables. De petites sécrétions hémorragiques au niveau de la suture sont normales dans les quelques heures suivant l’intervention. Le second testicule est opéré selon la même technique. Le lapin est ensuite transféré en salle de réveil. Il reçoit un traitement antibiotique et antalgique par voie orale jusqu’au retrait des points qui s’effectuera huit à dix jours après l’intervention. Parfois, les points tombent seuls au cours de la cicatrisation, sans conséquence sur la guérison.
Aspect du testicule, de l’épididyme et du pôle vasculaire après exérèse chirurgicale.
La technique chirurgicale, le protocole anesthésique et les soins pré, per- et post-opératoires peuvent varier selon les habitudes et les protocoles de chaque vétérinaire.
L’auteur remercie les assistantes de la clinique vétérinaire, Aurélie, Lise et Carole, pour la réalisation des clichés photographiques présents dans les articles.