L’aide soignant
Mise à jour : 14/07/2017
Par Lorène
Lorsque nos lapins se retrouvent confrontés à des problèmes de santé, nous nous demandons de quelle manière ils appréhendent la maladie, les divers soins médicaux, le stress et l’inconnu durant cette période. Heureusement pour nous, les lapins adoptent à l’état naturel comme dans nos foyers un comportement susceptible de nous fournir des réponses.
En tant qu’animal de proie, la survie est pour le lapin sauvage une préoccupation permanente. Sa condition et son quotidien le mettent régulièrement à l’épreuve du stress et forgent sa combativité. La moindre faiblesse ou inattention au mauvais moment peut lui être fatale. C’est pourquoi dans la nature il s’efforce de dissimuler le mieux possible toute vulnérabilité. En effet, il serait bien imprudent de laisser planer le moindre doute sur ses capacités à s’imposer, fuir ou se défendre vis-à-vis de ses congénères ou de prédateurs. La conscience de son état physique lui permet d’adapter son comportement et dans les situations critiques, de s’isoler à l’abri du danger, faute de pouvoir sauver les apparences. Le lapin de compagnie, pourtant à l’abri des prédateurs, garde néanmoins ces réflexes de survie et la maladie provoquera aussi chez lui différentes réactions défensives face à ce danger si particulier : sa propre faiblesse physique.
Nos lapins, eux, vont avoir besoin de notre soutien en tant que soigneur. Visites vétérinaires, traitements, soins voire hospitalisations vont entrer dans leur quotidien. Grâce à la relation que nous entretenons avec eux, nous pouvons les renseigner sur ces événements déplaisants mais bien nécessaires pour les aider lors de cette période délicate.
Si le but évident d’une prise en charge médicale est d’améliorer son état de santé en traitant une pathologie, il est important de garder à l’esprit que la finalité est toujours que le lapin retrouve une condition physique, une autonomie et un comportement les plus normaux possible. Il doit pouvoir se débrouiller pour se nourrir, se reposer, se toiletter, faire de l’exercice, bref, mener la vie d’un lapin en pleine possession de ses moyens.
Pour l’y aider, notre rôle est celui d’un soutien, certainement pas d’un substitut.
Avant toute chose, si l’examen vétérinaire de votre lapin révèle qu’il nécessite une surveillance constante, il devra être hospitalisé. S’il est jugé apte à suivre son traitement chez lui, inutile alors de veiller 24h/24.
En cas de syndrome vestibulaire causé par une otite, une encéphalitozoonose ou un problème cérébral (AVC, tumeur, etc.), votre lapin doit pouvoir bénéficier d’un environnement spécialement aménagé. En effet, ces troubles de l’équilibre peuvent entraîner des chutes pendant lesquelles le lapin roule sur lui-même et ne parvient pas à retrouver une position stable. Il peut également être incontinent ou être dans l’impossibilité de récolter ses caecotrophes. Il faut alors prévoir un stock d’alèses et de vieilles serviettes pour maintenir une bonne hygiène.
Quels que soient la pathologie, la médication et les soins nécessaires, il est primordial de comprendre que le soignant n’est pas là pour tout faire à la place de son lapin. Son rôle est de pallier un temps ce qu’il ne peut pas faire jusqu’à ce qu’il retrouve le maximum d’autonomie. Être tout le temps sur le dos de son lapin n’est pas souhaitable, car non seulement vous empêcheriez toute initiative de sa part de reprendre les commandes mais vous le priveriez aussi d’un besoin primordial : le repos. Votre lapin appréciera bien entendu vos paroles et caresses réconfortantes aux moments opportuns. N’hésitez pas à poursuivre vos activités du quotidien et à vous absenter quelques heures. Vous pourrez ainsi évacuer votre stress et envoyer par la même occasion un message positif à votre lapin : même s’il a besoin de vous pour l’aider à guérir, il est tout à fait capable de gérer seul la situation en votre absence.
Donner un médicament ou gaver un lapin peut s’avérer très compliqué si l’on n’a pas pris soin de s’organiser correctement. Pour éviter les moments de panique, préparez vos seringues à l’avance et gardez tout le matériel nécessaire à portée de main. Si le gavage est rendu impossible, consultez votre vétérinaire très rapidement pour discuter avec lui de la possibilité de poser une sonde.
Ne pas assister en permanence votre lapin est valable pour des choses courantes comme le gavage. Il ne s’agit que d’un relais partiel lors duquel il faut l’encourager un maximum à manger de lui-même. S’il prend de bonnes quantités, trois gavages par jour suffiront et lui permettront entre temps de ressentir la faim et d’essayer de s’alimenter sans votre intervention.
Si votre lapin doit porter un temps une collerette, vous n’avez pas non plus à vous transformer en distributeur de nourriture ambulant. Aménagez son espace, laissez-le apprendre à se débrouiller avec en veillant à ce qu’il mange et s’hydrate suffisamment en attendant d’être autonome. Les lapins sont parfois un peu fainéants et se laissent vite tenter par l’assistanat. Il est donc préférable de les encourager à pallier seuls à certaines difficultés plutôt que de leur proposer systématiquement des solutions toutes faites.
Ceci est également valable pour des pathologies qui vont entraîner des conséquences irréversibles sur les facultés physiques d’un lapin et nécessiter une adaptation considérable de sa part. Le lapin doit réapprendre à se déplacer, se nourrir, se toiletter dans cette nouvelle configuration. Dans un premier temps, il aura sûrement besoin d’une aide importante. Mais votre attitude devra laisser libre cours à ses initiatives et les encourager tout en veillant à ses besoins essentiels. Chaque accomplissement aussi minime qu’il soit sans votre aide sera un grand pas pour votre lapin car c’est une solution qu’il aura trouvée de lui-même et pourra reproduire.
Les soins doivent se dérouler dans le calme et la sérénité. N’hésitez pas à les accompagner d’une séance de caresses ou de massages afin de relaxer le lapin. Une petite friandise à la fin d’un soin est également très bien accueillie et rend la perspective d’une nouvelle séance moins effrayante.
Il est important d’habituer en douceur son lapin à être manipulé avant qu’il n’y soit contraint pour des raisons de santé. A l’occasion d’un brossage, d’une coupe de griffes, d’un nettoyage des oreilles, etc, il apprend à vous faire confiance tandis que vous gagnez en assurance. C’est une chance pour tout le monde d’appréhender les divers traitements et soins médicaux plus sereinement en cas de maladie. Malgré tout, ils restent peu appréciés et sont l’occasion pour vos lapins de vous servir leur répertoire du mécontentement et de la peur en se débattant ou gémissant lors des soins, en tapant de la patte ou encore en partant se cacher un long moment.
Certes ces réactions sont bien légitimes mais il est inutile de se focaliser dessus. D’une part, votre intervention est nécessaire à l’amélioration de la santé de votre animal. Et d’autre part, les lapins sont de petits patients boudeurs et fins comédiens. Ils ne laisseront pas passer une occasion de jouer sur votre sensibilité pour tenter d’éviter un soin s’ils sentent que vous culpabilisez.
L’accueil réservé au lapin malade par son compagnon peut varier d’une fois à l’autre selon la gravité de sa pathologie, la durée de son hospitalisation et son état de faiblesse. Fort heureusement, la plupart du temps, le petit malade est très bien accueilli et peut profiter du réconfort immédiat d’un toilettage ou d’une sieste commune. Le lapin en bonne santé peut même jouer un rôle protecteur comme Malou sur la photo ci-dessous qui tente d’éviter à Linette sa séance d’inhalation !
Les lapins sont en général plus calmes chez le vétérinaire qu’avec nous. Ils sont loin de leur territoire, entre les mains d’une personne qui les manipule avec assurance et ils comprennent très vite qu’ils ne sont pas en position de négocier. Inspirez-vous de cette configuration, appréhendez les soins avec douceur et fermeté et vos lapins ne tarderont pas à comprendre que plus ils coopèrent, plus vite le mauvais moment sera passé. Votre attitude est en quelque sorte le miroir des soins pour votre lapin. Encouragez toujours le retour au calme, réconfortez sans vous éterniser pour ne pas donner une dimension plus importante à ce moment désagréable qui est désormais fini !
En réponse à des pathologies nécessitant de longs traitements, récurrentes ou ayant provoqué un grand stress, les lapins peuvent développer des attitudes agressives ou encore de fortes dépendances à vous. Aucune n’est à encourager.
Dans certains cas, la cohabitation est impossible au retour de la clinique.Il est alors indispensable de séparer les lapins afin d’éviter de graves blessures mais aussi le stress d’une cohabitation chaotique voire violente. Le lapin malade doit alors être soutenu par ses compagnons humains afin de ne pas se sentir rejeté du fait de son état de santé. Ceci est particulièrement vrai dans les cas de groupes de plus de 2 lapins ou de couples de même sexe chez lesquels la hiérarchie est plus importante que chez les couples mâle/femelle. Les subordonnés peuvent alors profiter de la faiblesse du dominant pour tenter de prendre le pouvoir. En laissant les subordonnés profiter de la faiblesse de leur chef, on augmente considérablement le stress du malade. Ceci peut entraîner une aggravation très rapide de son état. Le protéger dans un enclos est la meilleure solution
Un lapin qui se sent vulnérable peut parfois adopter un comportement agressif, même en dehors des soins. C’est sa façon de masquer sa faiblesse mais ce comportement disparaîtra au fur et à mesure que sa santé s’améliorera.
Si le lapin assimile le déclin de son état de santé, il perçoit également au fil des traitements la corrélation entre notre intervention et son mieux-être physique. Il n’est pas rare qu’il développe un comportement collant à notre égard. De compagnons de vie, nous sommes devenus le temps de la maladie un des acteurs de la survie de notre lapin. Une fois la tempête passée, chacun doit retirer son costume, celui de malade comme de soignant. Un lapin pourtant guéri peut se comporter comme s’il était toujours en sursis. Il est nécessaire de remettre en place la distance naturelle - celle d’avant la maladie - entre votre lapin et vous pour qu’il puisse retrouver son assurance et son état de sérénité habituel. Même en cas de pathologie chronique, les moments de répit doivent être synonymes pour le lapin de douceur de vivre. Inutile d’anticiper la prochaine tempête, appréciez simplement l’éclaircie.
Enfin, si votre lapin a la chance de vivre avec un congénère, il est important de privilégier ce contact si précieux lorsque la situation le permet. Qui mieux qu’un lapin saura réconforter son compagnon après un soin désagréable, apaiser son stress par sa présence et lui offrir la chaleur des siestes à deux dans ces moments délicats ? Et même bien souvent, le lapin malade bénéficie de toilettages par son congénère dès lors qu’il est incapable de s’en charger lui-même. Malheureusement, certaines situations ne permettent pas au petit malade de rester auprès de son compagnon.
Assurez-vous tout d’abord auprès de votre vétérinaire qu’aucune contagion n’est possible. Si le squelette de votre lapin est fragilisé, vous pourrez être amenés à le séparer de son compagnon qui pourrait lui faire mal en le bousculant ou lui grimpant dessus. La solution la plus bénéfique pour chacun est de les séparer sans les isoler à l’aide d’un enclos. Ils pourront ainsi toujours se voir et se sentir. Libre à vous d’organiser des moments de rencontre dans la journée, sous votre surveillance, pendant lesquels vous pourrez veiller à la douceur des contacts. L’enclos sera également une solution de choix si la maladie a mis à mal l’entente entre vos lapins. Les contacts ne doivent pas être pour le lapin déjà affaibli une source supplémentaire de stress. Il s’agit de trouver la configuration la plus apaisante pour votre lapin malade ; vous en serez donc le meilleur juge.
Sous leur apparence douce et fragile, nos petits compagnons dévoilent souvent leur arme secrète et redoutable face à la maladie, un incroyable courage. Alors la meilleure façon de les aider est peut-être tout simplement de croire en eux et de le leur montrer.